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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/109

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

bres et des temps d’arrêt marqués entre celui des coups[1]. On lui répond de l’intérieur, au même endroit et de la même manière ; il y réplique, et dit précipitamment à cette curieuse effrayée : — Voilà que je viens de m’engager pour vous, ne l’oubliez pas ! La porte sur laquelle on avait frappé de part et d’autre s’ouvrit inopinément, et la clarté la plus vive inonda l’intérieur du cabinet, où Mme de Gèvres aperçut alors deux grandes figures qui étaient entièrement couvertes de draperies rouges et qui tenaient à la main des épées nues dont la pointe était dirigée sur elle. — Qu’est-ce à dire ? Est-ce que vous m’amenez dans un coupe-gorge ? s’écrie-t-elle ; et la voilà dans un accès d’effervescence et de poltronnerie révoltée qui lui fait perdre la tête au point de se précipiter et d’aller tomber en bombarde au milieu d’un tabernacle des lumières, en faisant des cris pharamineux. Cette pièce était la belle chambre à coucher de Mme de Brunoy, la parente et l’intime amie de Mme de Gèvres, de sorte qu’elle en connaissait parfaitement bien les distributions intérieures avec leurs aboutissans ; elle était radieusement illuminée, mais il ne s’y trouvait personne ; on pouvait supposer qu’elle ne devait servir que de salle d’attente pour les néophytes ; on n’avait rien changé à son ameublement ni ses décorations ordinaires, et voici tout ce qu’on y remarquait d’inusité. La porte qui communique avec le grand salon et qui se trouve

  1. Un coup pour A, deux coups pour B, trois pour un C, et le reste ainsi jusqu’au nombre de vingt-quatre, correspondant à la dernière lettre de l’alphabet.