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SOUVENIRS

et qu’elle renfermait les cendres de Molay ; du reste Avignon, comme on le sait, est une de leurs colonies les plus florissantes, et les maçons du comtat vénaissin ont toujours été plus nombreux, plus actifs et plus éclairés qu’ailleurs.

Pendant les deux ans qui suivirent la prise de la Bastille, les adeptes de Paris tinrent chapitre dans le palais du Duc d’Orléans, leur grand-maître, et c’est là que le Duc d’Aiguillon, Lepelletier, Clootz, l’abbé Sieyès, Mirabeau, Robespierre, disposaient les plans qu’ils livraient ensuite aux conjurés du second ordre pour les traduire en langage philosophique et révolutionnaire. Si toutes les effigies de nos rois furent abattues, ce fut principalement pour faire disparaître celle de Henri IV, qui couvrait la place où les Templiers furent suppliciés ; toutefois il est à remarquer que les révolutionnaires ont présenté plusieurs pétitions pour faire élever, toujours sur cette même place et jamais ailleurs, un colosse foulant aux pieds des croix, des couronnes et des tiares.

Le Roi de Suède était pour Louis XVI un allié fidèle ; à l’époque du départ pour Varennes, Gustave s’était avancé jusqu’aux frontières pour recevoir l’illustre fugitif et pour protéger sa retraite ; le monarque suédois fut assassiné par Ankastrœum, illuminé franc-maçon du premier grade. Mais comme tout Templier peut gouverner et ne peut pas régner, on vit aussitôt le Duc de Sudermanie, chef de la loge-mère du Nord, faire alliance avec les jacobins français, enlever aux nobles suédois la plupart de leurs priviléges, et travailler sans relâche à