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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/143

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

finit par une inflammation des bronches. C’était pourtant lui qui me disait toujours : — Soignons-nous bien, prenons bien garde ; une année de plus, un soin de plus ! Je ne sais si je vous ai dit une bonne réponse de ce Maréchal au vieux d’Hangest à qui Mme de Pompadour avait donné mission de le pressentir sur un projet de mariage entre son Alexandrine et M. de Fronsac, âgé de 14 ans. — Ce serait une alliance qui nous ferait beaucoup d’honneur, répliqua-t-il avec un ton d’emphase ; mais comme mon fils a celui d’appartenir, par sa mère, à la maison de Lorraine, il faudra que j’en écrive à l’Empereur, aîné des Princes lorrains. J’espère bien qu’il ne demandera pas mieux.

Mme de Pompadour avait apprécié les intentions ironiques de cette réponse, qui fit rire Louis XV, et dont elle a toujours gardé rancune à M. de Richelieu.

Je voudrais ne pas manquer à vous dire aussi que, pendant cette dernière maladie du Maréchal, le vieux Vestris était continuellement dans ses antichambres et demandait sans relâche à lui parler pour une affaire urgente et majeure. Mme la Maréchale avait fini par découvrir que cette grande affaire était d’engager les quatre premiers gentilshommes de la chambre à solliciter du Roi le cordon noir de Saint-Michel pour lui, le père Vestris, le maître de danse ! — Oh ! par la sambleu ! dit le Maréchal à sa femme, il faut qu’il entre, et, pourtant que je vous en demande pardon, Madame, ayez la bonté de rester là. — Signor Vestris, lui dit-il, il ne serait pas convenable que j’écrivisse au Roi pour lui recom-