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SOUVENIRS DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Il a été si douloureusement regretté, il a été si généralement et si justement loué, qu’il ne me resterait pas grand’chose à vous dire de lui, si ce n’est que je vous parlasse de sa parfaite beauté, qui était la moindre de ses perfections ; et c’est peut-être à cause de cela que les écrivains de son temps n’en parlent jamais. On dirait que ses contemporains l’ont imité en n’y songeant pas ; mais toujours est-il que je n’ai vu de ma vie plus admirable figure et physionomie plus attrayante. Son visage et toute sa personne étaient d’une régularité merveilleuse ; mais il avait, surtout dans les mouvemens de la bouche et dans la fierté bienveillante et mélancolique de ses grands yeux noirs, une expression que je n’ai vue nulle autre part, à moins que ce ne soit dans quelques tableaux de l’école d’Espagne. C’était bien autre chose que de l’intelligence, de la noblesse et de la dignité princière c’était une sorte d’élévation sur-humaine, et l’on aurait dit un archange de Murillo. Je disais qu’il regardait tout le monde en frère aîné, mais cette comparaison ne signifie rien pour qui n’a pas rencontré ses doux regards de bonté naïve et de sollicitude exquise. On voyait que c’était la perfection sur la terre, il annonçait une mission providentielle ; il apportait avec lui la féli-

    Berry, qui fut depuis le Roi Louis XVI, Louis-Stanislas-Xavier Comte de Provence, aujourd’hui légitime héritier de la couronne de France après le décès de son neveu le Roi Louis XVII, et Charles-Philippe de France, Comte d’Artois, lequel est, jusqu’à présent, le seul descendant de Louis XV qui nous ait laissé postérité masculine.

    (Note de l’Auteur, 1798.)