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SOUVENIRS

les agrémens de Monte-Salerno, répliqua-t-elle, je vais vous faire faire connaissance avec les grandes et belles personnes dont je vous ai parlé.

« En disant ces mots, elle avait pris une clé qui se trouvait à sa portée, et elle fut ouvrir un grand coffre couvert de velours noir et serré par des agrafes d’argent ; mais à peine eut-elle soulevé le couvercle, qu’il en sortit un squelette énorme, et qu’il s’élança vers moi d’un air provocateur. Quoiqu’il eût franchi d’un saut l’espace qui nous séparait, j’avais eu le temps de tirer mon épée ; mais le squelette, s’arrachant à lui-même son bras gauche, s’en escrima comme d’une espèce de fléau et m’assaillit avec une fureur inconcevable. Je vous puis assurer que je me défendais à coups de pommeau d’épée, de manière à lui démonter la carcasse et lui rompre les os ! Mais voilà qu’un autre squelette arriva précipitamment, arracha une côte à son camarade et m’en donna de grands coups sur la tête ! un troisième était sorti du coffre avec un air de précaution perfide ; il était venu m’entourer de ses bras décharnés et m’étreignait de manière à me faire rendre l’âme. Il me fit à la joue droite une morsure abominable, et vous ne sauriez vous figurer combien il est contrariant de se voir mordre et de se sentir mordu par une tête de mort !… Je l’avais pris à la gorge, en m’accrochant à ses vertèbres et me soulevant par saccades avec l’intention de le décapiter ! Il était le plus grand, le plus fort, le plus traître, et c’est celui qui m’a