Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

de guerre en provocation, couronne héraldique et autres insignes affectés aux Sires de Créquy, Saint-Pol et Canaples.

Restait donc à faire juger la grande affaire du nom de Créquy, dont l’usurpation ne remontait pas à plus d’une année révolue ; et du reste, il est bon de vous avertir qu’en fait d’usurpation de cette nature, on est toujours à temps de poursuivre, attendu qu’on n’est jamais arrêté par aucun bénéfice ou par aucun embarras qui tienne à la prescription. Votre père ne manqua pas de faire évoquer sa cause au parlement de Paris, afin que MM. les Ducs et Pairs pussent aller y siéger suivant leur droit, et suivant leur coutume de bon procédé pour leurs amis et leurs parens ou leurs collègues en fait de haute noblesse. En cas de procès généalogiques ou de contestations nobiliaires, ils n’y manquent jamais, et ce n’est pas ce que messieurs les parlementaires en aiment le mieux. Comme le fameux Gerbier était malade, mon fils avait eu l’idée de faire plaider sa cause par un avocat appelé Siméon[1] ; mais on apprit qu’il avait été le défenseur de cet horrible Comte de Sade au parlement d’Aix, et ce fut l’avocat Treillard que nous chargeâmes de notre affaire. Il n’y avait alors rien de plus notable et de plus honorable au barreau de Paris. Il y a long-temps que cet ordre des avocats ne vit plus, en fait d’estime et de considération, que sur le souvenir de ces dignes et grandes figures des Pasquier, des Patru, des Cochin et autres célèbres avocats du temps passé.

  1. M. Siméon est aujourd’hui Comte et Pair de France.