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SOUVENIRS

du produit de ses terres en labour et forêts pendant six mois. Le Roi répondit bien agréablement à MM. les Députés de la noblesse d’Artois, dont il ne voulut pas agréer les sacrifices, et ce fut pour les consoler qu’on donna le titre de Comte d’Artois au troisième fils de M. le Dauphin.

Comment se fait-il que je ne vous aie encore rien dit de Mme Geoffrin, ni surtout de M. Geoffrin, dont on ne parlait pas assez hors de sa fabrique ? Je vous assure que c’était un objet bien autrement à considérer que Mme sa femme, et je ne crains pas de vous dire que, parmi toutes les choses à remarquer dans leur manufacture des glaces, il n’était pas de machine ou d’ustensile aussi curieux que M. Geoffrin. Son père était un tisserand d’Épinay-sur-Orge, et quand on se demandait à quoi pouvait tenir la suffisance et l’étrange raideur de la femme. — C’est qu’elle a avalé la quenouille de sa belle-mère, répondait la Maréchale de Luxembourg. On disait d’elle à Mme de Lauzun qu’elle était commune comme des pommes. — Ne croyez pas ceci, mon enfant, reprit sa grand’mère (la Maréchale) : cela pourrait vous donner l’idée d’une certaine élégance naturelle ; elle est commune comme des choux. Ladite Mme Geoffrin ne savait pas un seul mot d’orthographe, et pas même ce qu’on ne saurait manquer d’en apprendre à la suite d’un peu de lecture. Elle écrivait Troyes en Champagne au moyen du chiffre 3. — Pourquoi ne dirait-on pas tout aussi bien des zaricots que des artichauds ? répondit-elle aigrement à Marmontel ; et, quant à votre mercuriale sur les navais, vous me la donnez belle ! Ne voudriez