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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

à son fils naturel pour le lendemain matin. M. du  Crest lui remit une petite boite que ce Milord avait par hasard dans une de ses poches, et qu’il avait laissée pour ce cher Abbé, comme avancement d’hoirie, car il avait dit à ces Messieurs qu’elle était pleine de diamans. Ce d’Espagnac avait bonne envie de forcer le coffret dont la petite clef n’était pas à la serrure ; mais on lui fit des reproches ou des observations qui le décidèrent à prendre patience, et M. du Crest le ramena chez lui dans un trouble et dans un délire de joie qu’on ne saurait exprimer. — Vous savez que c’est pour déjeuner qu’il vous attend : n’oubliez pas de vous y trouver avant dix heures, et n’oubliez pas aussi de lui faire ouvrir l’écrin…

Il se fit annoncer le lendemain, passé midi, chez M. le Duc d’Orléans qui le fit attendre pendant deux heures et qui sortit malhonnêtement par une autre porte, ainsi qu’il avait coutume de le faire. L’Abbé d’Espagnac alla successivement chez tous ces autres Messieurs qu’il ne put réussir à trouver chez eux pendant plus de trois semaines ; enfin il eut le bonheur de rencontrer le Duc de Lauzun qui se promenait au Cours-la-Reine avec votre père. — Est-il possible, lui dit-il, que je n’aie pas encore pu vous rencontrer et que vous n’ayez voulu répondre à aucune de mes lettres !… Il paraît que M. du Crest n’avait pas bien retenu l’adresse de Milord Hamilton ; car on ne le connaît point du tout dans cette maison de la rue du Colombier qu’il m’avait indiquée. — À propos, savez-vous ce qu’il y avait dans cette petite boîte ?