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SOUVENIRS

Une autre fois c’était M. de Condorcet que le Maréchal de Richelieu laissait parvenir au fauteuil académique, ou c’était le Prince de Beauveau qu’il y faisait arriver. L’abbé de Voisenon complimentait M. de Beauveau sur les honneurs qui lui étaient dus, en ajoutant que son extrême exactitude ne le rendait imposant qu’en le rendant irréprochable, ce qui pouvait être joli, mais ce qui n’était pas compréhensible. Ensuite on entendait M. de Condorcet, emphatique et misérable orateur, méthaphysicien ténébreux et philosophe athée, qui vous disait d’un air maussade, avec une voix creuse et fausse : « Nous sommes témoins des derniers efforts de l’ignorance et de l’erreur ! nous voyons la raison sortir victorieuse de cette lutte si longue et si pénible. La vérité a vaincu ! le genre humain est

    Commandeur de l’Ordre royal du St.-Esprit, Conseiller du Roi en tous ses conseils, et l’un des 40 de l’Académie française, mort Archevêque de Malines en 1808. Il n’est pas mal à propos de noter ici que M. l’ancien évêque de Poitiers, qui s’est fait écrivain politique, et qui s’appelle M. de Pradt, se trouve cité dans plusieurs biographies comme ayant été le successeur de M. de Roquelaure ; mais la dignité dont il se pare ne doit imposer à ses lecteurs aucune espèce de soumission. Il peut avoir été proposé par Buonaparte pour obtenir l’archevêché de Malines, mais il n’en a jamais occupé le siége ; il n’a jamais pu triompher de la résistance du chapitre et des grands vicaires de cette métropole, qui lui ont toujours demandé l’original de ses bulles et les preuves de sa juridiction qu’il ne pouvait leur montrer parce qu’il ne les avait pas. M. de Pradt n’a jamais eu la satisfaction de se voir assis sur un trône archi-épiscopal ; il avait pris le titre d’Archevêque avec empressement, il le porte avec obstination ; voilà toute sa biographie pontificale.

    (Note de l’Éditeur.)