Page:Créquy - Souvenirs, tome 5.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
SOUVENIRS

Je m’étais beaucoup mêlée des affaires de Gilbert ; je l’avais fait de grand cœur, et voici la copie d’une lettre que Madame Louise de France (fille de Louis XV) avait eu la bonté de m’écrire en 1775[1].


† J.-M. ce 15 septembre, au couvent de Saint-Denys.

« Je vous prie, Madame, de vouloir bien accorder votre protection au sieur Gilbert, en le recommandant à Monsieur votre cousin, pour qu’il puisse obtenir la première pension qui viendrait à vaquer sur la Gazette de France, ou sur toute autre qui soit applicable aux gens de lettres, dans son département. On m’assure que c’est un jeune homme qui, ayant les plus grands talens pour la poésie, les a entièrement consacrés à la défense de la religion, mais qu’il n’a pas de pain, et que non-seulement il en trouverait dans le parti opposé, mais qu’il pourrait encore, comme tant d’autres qu’on m’a cités et qui ne le valent pas, y faire une fortune brillante. C’est une tentation dont il faut le préserver. Vous n’avez besoin, Madame, pour vous y engager, que de votre propre attachement pour la religion et pour le bien de l’État, mais j’ai été bien aise de prendre part, autant qu’il m’est possible, à une aussi bonne œuvre, en vous priant d’y contribuer, en vous disant que je vous en aurais une obligation véritable, et vous assurant, Madame, que je suis humblement votre affectionnée, Sœur Thérèse de Saint-Augustin, R. C. I. » (Initiales qui signifient Religieuse carmélite indigne.

  1. L’éditeur est en possession de la lettre autographe de cette princesse.