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SOUVENIRS

nés tous les deux en 1747, à quatre ou cinq mois d’intervalle). Le Chancelier du Palais-Royal avait dit effrontément, devant M. de Fourcy, que le Prince de Lamballe était coulé, mais qu’il était de force à vivre long-temps, ce qui serait grand dommage, attendu que M. le Duc d’Orléans ne pouvait manquer de se trouver, par la mort de M. de Lamballe, en pleine hérédité pour toute la fortune du Duc de Penthièvre qui ne se portait pas trop bien. M. de Fourcy, conseiller d’état, ainsi que M. de Monthion, Chancelier de Monsieur, et beau-frère de M. de Fourcy, pourront vous certifier la réalité de ce mauvais propos. Comme ce familier du Duc d’Orléans ne s’était pas expliqué assez nettement pour donner l’idée d’un mariage illégal et secret, on en avait supposé toute autre chose, et toujours fut-il avéré que ce méchant homme ne voyait dans la personne et la vie du Prince que le seul obstacle qui pouvait se trouver désormais entre la convoitise de son maître et l’immense fortune de son parent.

Le Duc d’Orléans, qui se délectait dans la dépravation, avait souvent dirigé lui-même et fait diriger contre son futur beau-frère et son cousin toutes les tentatives de corruption les plus perversives ; mais le Prince de Lamballe en avait été préservé par un sentiment d’amour passionné, solide et pur ; par le dégoût peut-être ; et certainement par le mépris et l’aversion qu’il avait conçus pour le mari de sa pauvre sœur et pour les affidés de cet indigne prince.

Ils avaient été complètement brouillés pendant plusieurs années ; le Duc d’Orléans s’en inquiétait,