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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

vous côte à côte avec Mgr le Duc de Penthièvre et Mme la Landgrave de Hesse. Il n’est rien de tel que de changer de côté, pour éviter la fatigue et l’engourdissement.

Il avait été l’intime ami de Mme de Pompadour avant sa faveur auprès de Louis XV ; et, si elle ne l’eût pas fait nommer bibliothécaire du Roi en son château de Choisy, personne ne se serait jamais douté que Gentil-Bernard eût été connu d’elle. Il a fait des poésies délicieuses et n’a jamais fait imprimer aucun de ses ouvrages (à l’exception de son opéra de Castor et Pollux, attendu que la chose était d’ordonnance et de nécessité rigoureuse). Il avait refusé d’entrer à l’Académie française en disant qu’il n’avait aucun titre pour établir et justifier cette prétention-la. Il n’a jamais voulu me lire son poëme de L’Art d’aimer, qu’il a gardé manuscrit jusqu’à sa mort. La philosophie de ce bon enfant (c’est le mot propre) ne l’avait pas pourtant empêché de tomber dans une décrépitude anticipée. Toutes les femmes le reprochaient à Bacchus et tous les hommes s’en prenaient à Vénus. Comme je n’étais ni homme ni femme, j’en accusais l’un et l’autre.


M. Opportun-Daniel Sénac était un vieux Conseiller de sa Majesté très-Chrétienne en ses conseils, d’état et privé, Officier de la couronne et Surintendant des eaux minérales du royaume, et membre de l’Académie royale des sciences, et Chevalier de l’ordre de St-Michel avec brevet d’anoblissement