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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

dans cette profession, très lucrative depuis quelque temps, doivent leur paraître un dédommagement pour celles qui leur restent fermées ; l’accueil des personnes du premier rang devant les indemniser du mépris qu’on leur porte ailleurs. Il est superflu de vous citer ici les représentations de Sainte-Assise, où Mgr le Duc d’Orléans joue pêle-mêle avec des acteurs à gage, en opposition avec l’hôtel de Créquy, où l’on a refusé d’admettre M. Dugazon pour y lire une pièce de comédie de Mme de Louvois, attendu qu’on aurait été forcé de l’y faire asseoir. »

« Je suppose tous ces brillans avantages assurés à mes talens futurs, et ma raison vous cède, mais vous ne vaincrez pas mon cœur. J’ai une mère et des sœurs sous le joug de l’opinion vulgaire. Tout gothique et tout suranné qu’il soit, ce préjugé donnerait la mort à celle de qui je tiens la vie. J’ai un neveu, Monsieur, et le malheureux jeune homme se trouverait privé, à son entrée dans le monde, de son appui le plus naturel, et du fruit des conseils que j’aurais perdu le droit de lui donner avec autorité. Mes deux sœurs qui sont mariées, rendues malheureuses, et celle qui ne l’est pas, dans l’impossibilité de trouver un parti sortable, et qui puisse convenir à ses vœux… voilà, Monsieur, les coups dont je frapperais ma famille, et il n’est pour moi nul succès de vanité personnelle, ni gloire de talent, ni acquisition de fortune, que je voulusse acquérir à pareil prix… »

— Mais c’est de l’écriture de Clair-de-lune ! m’écriai-je ; c’est une lettre du Marquis de Jaucourt ; il