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Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/138

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SOUVENIRS

que ses jambes allaient éclater comme deux gargousses. M. de Puységur y remédia fort aisément en leur soufflant sur la figure, qui reprit tout aussitôt sa carnation naturelle, ensuite il administra ce qu’il appelait des passes en définitive, et le plus beau résultat de la séance fut de me faire tomber dans une attaque de nerfs, la première et la dernière que j’aie éprouvée, depuis soixante et seize ans que j’ai vécu, jusqu’à présent. Mme de St.-Julien se trouva parfaitement guérie d’un horrible mal de tête. M. de la Gorce, qui ne s’était fait magnétiser que par curiosité, n’en éprouva ni bien ni mal, excepté la contrariété d’avoir battu la campagne en si bonne compagnie ; enfin Mme Lecamus n’en fut pas moins sourde, et vous conclurez de ceci tout ce qu’il vous plaira.

Je ne doute pas que Mesmer ne fût un charlatan, et je pense que sa combinaison du baquet, avec ses tringles de fer et son harmonica, n’était que du charlatanisme ; mais je ne saurais douter de la réalité d’un phénomène appelé Magnétisme et dont Mesmer a découvert l’existence.

J’en ai vu de prodigieux effets que je suis bien assurée d’avoir jugés froidement, sans complaisance, et sans prévention ; mais l’utilité du Magnétisme ne m’est pas démontrée, et son danger me paraît manifeste.

Je ne saurais nier que sur certains individus et dans certains cas, son efficacité puisse agir salutairement, en apparence ; mais j’ai remarqué que la plupart des hommes étaient insensibles à l’action du magnétisme, et j’ai connu grand nombre de