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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

opiniâtrées à nourrir leurs poupons, attendu que le lait et la sollicitude d’une mère ne sauraient être remplacés par le lait et les soins d’une mercenaire, etc. Ce qu’il en est arrivé, c’est que leurs héritiers sont allés ad patres, ainsi qu’on aurait dû le pressentir avec de pareilles nourrices. La sollicitude maternelle de ces Dames ne s’étant exercée que sur leurs garçons ; il ne leur est resté que des filles, et quand M. de Gouffier rencontrait chez moi Jean-Jacques Rousseau, il ne manquait pas de me dire : — C’est pourtant grâce à lui que ma maison va se trouver éteinte, vilain songe-creux ! — Mais mon Dieu, Madame, qu’est-ce que c’est donc que la maison de Gouffier, me demanda-t-eil ensuite (Jean-Jacques). Avez-vous jamais ouï parler de l’Amiral de Bonnivet ? — Sans aucun doute. — N’avez-vous rien lu sur les Ducs de Roannez ? — Voilà par exemple une famille dont je ne sais rien du tout. — Eh bien, lisez l’Histoire de France avant de faire des livres sur l’éducation. À la place du Marquis de Gouffier, je vous étranglerais !

Une autre imagination folle, où Jean-Jacques Rousseau n’était pour rien, c’était celle d’empêcher les enfans de manger à leur appétit, laquelle sottise avait succédé à celles de Mesdames de Blot, de Monaco, de Valbelle et tutte quante lesquelles avaient entrepris de ne pas manger pour leur propre compte. On empêchait dont les pauvres enfans de manger de la bonne soupe et de la viande, à dessein de ne leur introduire dans le sang et les humeurs aucun élément de putridité. On les privait de manger du fruit à cause des vers ; point de confitures, à cause