Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/37

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en droit de participer à la reconnaissance que je dois à ses écrits. (Et comment donc cela, Princesse ? en vous vendant ces mêmes écrits et ses manuscrits ?) « Je suis, sans doute, très sensible à l’estime et à la confiance que vous me marquez (Mais c’est trop juste, tout le monde sait combien vous êtes digne d’estime !) Il m’est bien flatteur de voir qu’elles sont héréditaires dans votre famille, et la noblesse de vos procédés vous est caution de mes sentiments à votre égard. J’ai chargé M. Grimm de vous remettre quelques témoignages, dont je vous prie de faire usage. »

« Signé, Catherine[1].


Les témoignages dont elle priait Mme Denys de faire usage consistaient dans une somme de cinquante mille écus, payable à vue sur MM. Laborde et Laballue sans compter une garniture de pelisse et des manchons.

Voyez pourtant l’effet du crime et du remords, et voyez la lâcheté du vice ! La Czarine, veuve de Pierre III, cette femme courageuse, cette princesse victorieuse et législatrice, avait peur de nos philosophes. Elle en était réduite à les soudoyer, à flagorner platement une sotte bourgeoise, afin d’acheter les

  1. M. Grimm, illustre correspondant de cette impératrice à Paris, n’a pas cru devoir publier cette barbare et tartare épître, mais vous pourrez dire à ceux qui douteraient de sa réalité qu’elle avait été recueillie par le continuateur de Bachaumont.
    (Note de l’Auteur.)