Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/42

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gnée du Czar et de sa famille, se voyant livrée à la haine et à la brutalité d’un prince féroce, maître absolu dans une cour esclave, au moment de succomber par le fer ou par le poison enfin ne pouvant fuir parce qu’elle était gardée dans son appartement comme dans une prison, et ne pouvant non plus écrire à ses parents, parce que sa correspondance aurait été saisie, S. A. R. trouva sûrement que le seul moyen de se soustraire à la tyrannie du Czarowitz était de faire semblant de mourir et de se faire passer pour morte moyen qui lui fut suggéré, dit-on, par la comtesse de Warbeck, née Comtesse de Konigsmark, laquelle employa beaucoup d’argent pour gagner les femmes de la Princesse, et pour obtenir de son médecin et de son gentilhomme de la chambre, de certaines dispositions qui ne permettraient pas de reconnaître la vérité relativement au corps humain qui remplacerait celui de S. A. R.

« Mme  Warbeck, Dame hanovrienne, alliée de la Princesse Charlotte, s’en fut annoncer au Czarowitz la mort de son épouse. Elle aperçut aisément qu’il en éprouvait une joie féroce. Il prescrivit de l’ensevelir promptement et de l’inhumer avec le moins de cérémonie possible. On dépêcha des courriers par toute l’Europe, et toute l’Allemagne porta le deuil d’une petite servante du Palais de St-Pétersbourg.

« La Princesse se sauva par les soins de la Comtesse de Warbeck, qui lui donna pour la conduire en Suède un vieux domestique de confiance : ensuite elle vint se réfugier à Paris, où