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SOUVENIRS

nos griefs contre eux ; et voilà pourquoi je veux, en peu de mots, vous faire l’histoire de notre maison.

« L’auteur de notre fortune fut Domingo Soarez, qui, après avoir passé sa jeunesse à courir les mers, prit une part considérable dans l’apalte des mines du Pérou, dont nous conservons la seizième, (elle est manipulée par votre père avec intelligence,) ensuite de quoi Domingo vint s’établir à Cadix et fonda sur ladite place une maison de commerce sous la raison Soarez et compagnie.

« En conséquence de son entreprise, il rechercha l’amitié des principaux négocians de l’Espagne ; les Ferraz jouaient déjà dans ce temps-là un assez beau rôle, et mon aïeul Domingo ne manqua par de les informer de son intention pour entrer avec eux dans une suite de relations et d’opérations lucratives ; ils lui répondirent de la manière la plus bienséante, et pour entrer en affaires, il fit des fonds sur Anvers en tirant sur la maison Ferraz.

« Jugez quelles furent la surprise et l’indignation de mon grand-père lorsque sa traite lui fut renvoyée avec protêt ! Il est vrai que, par la poste suivante, il reçut une lettre remplie d’excuses. Ruiz Ferraz lui mandait qu’il s’était trouvé à Saint-Ildefonse auprès du ministre, et que la lettre d’avis ayant été retardée de quatre jours, son premier commis n’avait pas cru devoir s’écarter de la règle invariable du comptoir. Ruiz Ferraz ajoutait qu’il n’y avait sorte de réparations aux-