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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

poings, sauf le respect de Madame, il a dit à maître Cauchois : — Tu peux dire à ta maîtresse que son nuage est bien cloué ! et c’est d’où vient qu’il a reçu du cocher de Madame un fameux coup de fouet à tour de bras, et qu’il a dit : — Pourquoi que tu me frappes, est-ce que je t’accroche ? — Et pourquoi que tu me tutoyes, a dit le cocher de Madame, est-ce que nous avons retourné le même fumier chez les intrus ?

— Mais c’est très mal à Cauchois de battre un prêtre, et même un prêtre constitutionnel : il est en cas réservé ! Et vous dites que c’était l’abbé Daunou ?… — C’est bon… — Langevin, n’allez pas oublier d’avertir Cauchois qu’il se trouve en cas réservé : c’est à vous que je le mets sur la conscience…

Je me rencontrai dans la rue St-Nicaise avec une horrible foule de gens qui portaient un gros buste en plâtre, et qui criaient : Vive Péthion ! Je ne savais à quel propos ; mais j’appris dans la journée qu’à la section de la grand’poste, le Duc d’Orléans et Marat s’étaient présentés pour être élus maires de Paris, et que chacun n’avait obtenu qu’une seule voix. On avait nommé le citoyen Péthion de Villeneuve, et les électeurs avaient dit en s’en allant, qu’ils auraient été trop embarrassés d’avoir à choisir entre Marat et d’Orléans[1].

On avait rendu compte à cette assemblée d’un jugement du Châtelet qui venait d’innocenter le Baron de Besenval, et le Duc d’Orléans s’était écrié :

  1. Voyez les lettres de M. Suleau dans les Actes des Apôtres et l’Ami du Roi.