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SOUVENIRS

La Cour a toujours été la source des faveurs, mais elle était devenue l’unique ressource de la noblesse pauvre. Mme de Polignac avait été mariée sans dot, ou peu s’en fallait, car une centaine de mille francs ne saurait être comptée pour une fortune, et celle de son mari n’allait guère à plus de vingt mille livres de rente. La vicomté de Polignac était possédée par leur oncle paternel : ainsi vous voyez que ce n’était pas sans nécessité ni sans raisons que Mlle Diane était venue s’embusquer à portée de la corne d’abondance.

On a tellement déclamé contrer la profusion des faveurs accumulée par le crédit de la Reine sur la famille de Polignac qu’il est bon de vous démontrer qu’il ne s’y trouvait pourtant rien d’excessif.

Le Comte Jules de Chalençon-Polignac était certainement un homme de quatité ; il était le petit-neveu d’un Cardinat-Archevêque, habile et mémorable négociateur ; il était petit-fils et arrière petit-fils de deux Chevaliers des ordres du Roi, Gouverneurs de province. On lui conféra le titre de Duc héréditaire et nompair, ce qui n’était pas déjà si rare et si merveilleux à partir du règne de Louis XIII.

Sa famille était nécessiteuse, attendu qu’elle avait dépensé la plus grande partie de ses biens pour le service de S. M. comme toute la noblesse de France ; on lui donna la place de premier Écuyer, ce qui lui devenait profitable et n’avait rien d’exorbitant.

Il est vrai que la Duchesse de Polignac avait été