ne comprenait pas, et ce qui tenait sans doute à ce qu’on avait négligé de s’y prendre à temps. Imaginez donc qu’on avait pris le parti de lui couper la langue afin qu’elle ne lui sortit pas de la bouche ; mais le peintre David avait eu beau faire, on ne put jamais accommoder cette figure de Marat de manière à ce qu’elle ne fût pas une chose hideuse, et ceci fit prendre la détermination de n’en rien montrer du tout.
On avait recouvert d’un pavillon tricolore une baignoire de porphyre qu’on avait fait enlever des salles du Louvre, et dans laquelle on avait placé le corps de Marat pour le conduire au Panthéon ; il en sortait par-dessous le drap tricolore qui était relevé de côté, comme en draperie, il en sortait un avant-bras droit dont la main tenait une plume de fer ; et comme il y eut des gens qu’on avait apostés pour aller baiser cette main morte et cette plume allégorique qui étaient censées devoir être celles de l’Ami du peuple, il en résulta je ne sais quelle dislocation qui fit tomber tout cet appareil d’avant-bras mort et de fils d’archal sur le milieu du parvis Sainte-Geneviève, et l’on vit par là que ce membre avait été fourni par un autre cadavre que celui de Marat. Les journaux de Paris n’osèrent en rien dire ; mais ne soyez pas étonné de me trouver si bien apprise, et sachez que le peintre David avait décidé que presque tous les détenus qui se trouvaient dans les seize prisons du faubourg de l’Abbaye, devaient être alignés sur la place du Panthéon français, à l’effet d’y figurer en forme d’attribut ou décoration pour l’apothéose de Marat.