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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

blir un comité d’instruction publique et de moralité primaire, dont les membres m’aient été chargés de rédiger un projet de loi, tendant a substituer un culte raisonable et civique à la religion chrétienne qui n’était qu’un judaïsme bâtard et dénaturé, avait dit Mme  Roland, dans une circulaire officielle de son mari. Notre-Dame était devenue le temple de la Raison, et les autres églises de Paris étaient consacrées à toutes sortes de divinités métaphysiques et de vertus révolutionnaires : Saint-Gervais à la liberté de l’industrie ; Saint-Roch à l’amour de l’égalité ; Saint-Sulpice a la prévoyance agricole ; Saint-Eustache à la salubrité civile, et l’église des Missions étrangères a l’économie rurale. C’était presque toujours Mlle  Maillard (de l’Opéra), qui venait représenter la déesse de la raison, la félicité publique, la liberté politique et toutes les autres libertés personnifiées. Les jeunes gens, nous disaient que cette forte et puissante chanteuse était la vivante image de l’abondance et de la maturité.

On la faisait monter sur le maître autel et siéger sur le tabernacle, après l’avoir ajustée de guirlandes de chêne, ou d’une peau de lion, d’une couronne de pampres et d’épis, ou d’autres insignes assortis à sa divinité de circonstance. En vous disant qu’un de ces jours de fête, on vu monter sur l’autel de Notre-Dame, hahillé d’une carmagnole aux trois cou-

    vases sacrés de Notre-Dame et les salariés de 93 ne s’y serait pas mieux pris.


    Voilà l’origine de la royauté du 9 août qui voudrait faire de l’ordre.