Aller au contenu

Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
SOUVENIRS

vention par le clergé de l’Église constitutionnelle, ayant à sa tête un intrus, nommé Gobel, évêque du département de la Seine et l’intime ami du citoyen Talleyrand. Il en fut ainsi de plusieurs ministres de la religion prétendue-réformée, et notamment d’un fameux prédicant du consistoire de Toulouse, appelé Julien. Celui-ci ne pouvait apostasier que son christianisme au petit-pied, ce qui va sans dire ; — Hélas, mon Dieu ! pour ce peu qu’il en restait à sacrifier par un calviniste, à la réformation de 1793, ce n’était pas la peine d’en rien dire.

Ce fut ce jour même où les pensionnaires à quarante sous s’en allèrent piller tout ce qui restait dans les sacristies. On les vit trimballer et cahotter sur les pavés et dans les ruisseaux de Paris, des crucifix, des ostensoirs et des calices attachés par des cordes à la queue des ânes et des mulets, ensuite on vint déposer sur le pavé de la salle de la Convention des trophées d’ornemens sacerdotaux, en signe de victoire sur le fanatisme, et d’éternelle abolition pour toutes les idées superstitieuses[1].

Je vous ai déjà dit que Roberspierre avait fait éta-

  1. Pendant les glorieuses journées de 1830, le rédacteur de ces Mémoires a vu sur la place du Carroussel, après le pillage des Tuileries, une longue robe lamée de Madame la Dauphine, ainsi qu’une soutane violette de l’évêque d’Hermopolis qu’on avait agrafée sur deux gros chiens qu’on fouettait rudement pour les obliger à s’enfuir et s’en aller courir les rues. On a vu dans les Tuileries le corps d’un homme de juiUet (un infâme cadavre) que ses compagnons avaient établi sur le fauteuil du trône et sous le dais royal. On a vu profaner les reliques et piller les