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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/179

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

vait qu’En-avant ! marchons, tambour battant, giberne pleine ! et qui, partant du moulin de son beau-père, est devenu général au service de la république, avec un habit brodé en feuilles de chêne et des plumets tricolores à son chapeau. Ce fut en moins de rien ; car son noviciat n’a duré que deux ans, ce qui fait honneur au discernement des citoyens Danton, Pache et autres ministres de la guerre. Mais ce qui ne fait pas autant d’honneur au caractère de cet officier-général, c’est qu’avec le produit de ses confiscations dans les églises de Flandre, de ses voleries dans les châteaux du Brabant, et de son reliquat des contributions forcées en Belgique, il a commencé par soumissionner des biens d’émigré qu’il a trouvé moyen de payer (comme tous les acquéreurs de propriétés nationales), avec l’argent de la coupe d’une avenue ou moyennant la démolition d’une aile de château. Il parait que c’est un effronté voleur (ainsi que la plupart des généraux de la république), et l’on dit que sa femme en est devenue risiblement insolente (ainsi qu’il appartient aux filles de meuniers dont les maris sont parvenus au généralat.) Il paraît aussi qu’ils ont conservé de leur banquet d’épousailles une mauvaise habitude ; et dans un grand diner qu’ils ont donné l’année dernière à Bruxelles, ou a remarqué que toutes les pièces de leur vaisselle et tout leur linge de table étaient restés armoiriés d’Aremberg et de Croüy. Vous les apercevrez sous le directoire, et vous les reverrez figurer sous le consulat du général Buonaparte, au premier rang dans son estime et sa considération, ce qui prouve que sa délicatesse ou son