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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/190

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SOUVENIRS

« Il y a des familles où la soif héréditaire de l’or est tellement inextinguible, que les accidens les plus tragiques et les plus imprévoyables arrivent toujours, et tout justement à propos pour les enrichir. » Cet écrivain eut le même sort que la riche douairière#1.

Comme ce jeune homme était naturellement cruel, il était lâche ; et dans une occasion d’éclat, où sa naissance et son ambition l’avaient forcé de se montrer, il ne s’était fait remarquer que par une suite de lâchetés inouïes.

Par un calcul d’artifice et d’ambition vaniteuse, il feignit d’éprouver un amour passionné pour la plus aimable et la plus puissante Princesse de la terre. Il n’en obtint que du mépris. Mais bientôt après, il se répandit universellement un libelle affreux contre cette Princesse, et c’était cet homme qui l’avait fait imprimer dans sa maison, et c’était lui qui en avait payé les deux auteurs.

Ce fut avec le souvenir de ses vertueux mépris que la chute et la mort sanglante de cette femme, et celle de tous ses plus proches parens, fut résolue.

Il avait fait de son habitation principale un lieu de prostitution, de crapule et de filouterie. — Arrêtez-vous, lui dir un de ses conseillers, l’opinion se prononce contre les moyens que vous prenez pour augmenter vos revenus.

Il répondit à cela ; — Je fais plus de cas d’un petit écu que de l’estime publique.

Son père, ou le mari de sa mère (s’il est permis de s’énoncer avec autant d’abjection que la mère et