du logis, la volonté du maître, et ces deux hommes étaient occupés à jouer au creps.
Un des partenaires était dans la force de l’âge, et d’assez grande taille ; mais il était déjà chauve et grisonné. Ses cheveux poudrés se collaient tout à plat sur ses joues vineuses et sur son front couvert de pustules. Il commençait à devenir obèse, et l’on voyait à son frac échancré, à son pantalon collant, en peau de Meudon, à ses bottines à retroussis jaunes, et tout le reste de son costume à prétention, que c’était un ancien anglomane, un engoué de Londres, un homme de clubs et de jockeys, de cheval et de pari : c’est tout dire en fait de sotte espèce de gens. Quant à l’expression de ses yeux ternes et glauques, où l’on pouvait démêler au même degré l’impuissance du crime et l’indifférence du remords, et quant à ses regards qui fuyaient toujours obliquement devant un coup-d’œil ferme, je vous assure que ce n’était pas là des yeux ni des regards humains !
L’autre joueur de creps était un ancien millionaire à l’air suffisant et familier ; une petite figure de belette ou de furet sexagénaire, à physionomie sensuelle et superficielle. Il était proprement vêtu de ratine brune, et tous ses boutons étaient des médailles ou des monnaies de la république française, entourées d’un cercle d’émail aux trois couleurs. Il avait aussi des bas de soie tricolores, à dessins chinés, et de plus, cet élégant révolutionnaire avait une belle touffe de rubans satinés à son chapeau de fin castor, en guise de cocarde. Il était trop décemment ajusté, trop soigneusement épinglé, pour se