qu’ils étaient prisonniers ensemble ; mais votre tante de Clermont m’a dit et protesté que, lorsqu’elle avait ouï parler de cette prophétie pour la première fois, c’était par M. Laharpe ; ainsi tout donne à penser qu’il aurait ajusté la chose à sa guise, et sans trop s’inquiéter de l’exacte vérité, ce qui est assez vilain !… Je me suis toujours reproché de n’avoir pas écrit cette prophétie de Cazote, ce qui m’aurait été bien aisé sous la dictée de Mme de Gramont ; MMmes de Simiane et de Tessé ne se souvenant jamais de rien, sinon des bulletins de la guerre d’Amérique et des madrigaux de M. Cerutti.
Nous avions dans cette maison d’arrêt un vieux M. Duvivier, disciple-voyant de Cagliostro, qui révélait des choses prodigieuses, au moyen d’une colombe et d’une carafe, et c’était la nièce du greffier, jolie petite fille de six à sept ans, dont il se servait pour ses opérations magiques.
Il fallait que cette pupille ou colombe fût en état d’innocence, ou du moins en état d’impeccabilité, disait-il : or, il est de précepte ou d’observation parmi les balsamites que l’âge, ou l’époque du discernement pour le bien comme pour le mal, est fixé tout justement et précisément à la fin de la sixième année révolue. Il assurait qu’une fille de huit ans n’apercevait jamais rien dans ses carafes. Ces gens-là ne sont pas chrétiens et encore moins catholiques ; aussi ne pouvais-je assez m’étonner de cette concordance parfaite entre cette condition pour opérer des sortiléges, et le saint précepte de l’Église, qui n’astreint les enfans à la confession de leurs péchés qu’à l’âge de sept ans. La prescience n’appartient