— Celui qui dort ?
— Mais non, celui qui écrivait tout à l’heure. Il écrit sur le papier où il a mis ses cheveux, il ouvre un petit portefeuille rouge, il compte ses assignats, il les remet dans le porte-feuille, il se lève, il va tout doucement…
— Comment tout doucement ? Vous n’avez pas dû jusqu’à présent entendre le moindre bruit ?
— Mais tout doucement, parce qu’il a l’air de marcher sur la pointe des pieds…
— Que voyez-vous à présent ?
— À présent, il a sa tête appuyée sur ses deux mains, je ne vois plus sa figure.
— Mais qu’est-ce qu’il a fait de son porte-feuille ?
— Ah ! dame, il a fourré son porte-feuille avec son paquet de cheveux dans la poche d’un habit qui est sur le lit de celui qui dort.
— De quelle couleur est cet habit ?
— Je ne sais pas ; c’est je ne sais pas comment, gris, brun, rouge, ou… je ne sais pas… Il est doublé de soie bleue avec des grands boutons brillans.
— C’est assez, c’est assez, répondit le grand Cophte à sa Colombe ; allez vous recoucher, poursuivit-il en lui soufflant sur le front. Le général Beauharnois existe encore, nous dit-il, mais tous ces arrangemens-là ressemblent terriblement à des préparatifs d’exécution pour ce matin. Il aura sûrement été condamné dans la journée d’hier et séance tenante ; mais ce n’est pas la peine d’en rendre compte à sa pauvre femme ; elle ne l’apprendra