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SOUVENIRS

Je n’estimais guère et je n’aimais pas du tout la Vicomtesse de Beauharnois, qui du reste n’avait aucunes relations fréquentes avec la famille de son mari. Mme de Kercado (c’est encore Mlle de Malézieu et non pas ma nièce de Saulx-Tavannes), Mme de Kercado, qui était sa compagne de chambre en arrestation, ne pouvait s’empêcher de remarquer que cette créole avait la sotte vanité de parler continuellement de la cour de France, comme si elle y avait passé sa vie, tandis qu’elle n’avait jamais pu mettre les pieds à Versailles, à moins que ce ne fût en béyeuse et dans les galeries, pour y voir passer la famille royale. Elle n’avait pas été présentée, et je ne sais pas exactement ce qu’en aurait pensé M. Chérin[1].

Un des plus justes motifs de notre prédilection pour la prison des Oiseaux, était la faculté de nous y procurer journellement les papiers-nouvelles, et tout autant de lettres qu’on nous en voulait écrire. C’était moyennant la rétribution bien régulière et bien cachée d’un double louis par semaine ; on n’y voulait pas entendre parler d’assignats, et ceci ne laissait pas de constituer un appointement de quinze à dix-huit cent louis par mois au profit de notre.

    imprimée dans plusieurs journaux du temps, et la substance que l’auteur en donne est d’une fidélité scrupuleuse.

    (Note de l’Éditeur.)

  1. Quand je me crus obligé de me rendre à l’audience du général Buonaparte, son second mari, je ne voulus pas avoir l’air de m’appuyer sur elle, et je ne lui dis pas du tout que nous eussions été dans la même prison.
    (Note de l’Aut., 1802.)