Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/8

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mais ce qui m’a fait le plus souffrir à Sainte-Pélagie, c’était la nécessité de m’y trouver en contact avec une horrible couverture…

Mme  Dubarry, que je n’ai fait qu’entrevoir au moment de son départ pour la Conciergerie, avait passé quelque temps dans la même prison ; mais elle y couchait au deuxième étage, au-dessus de moi, et c’était dans un dortoir avec des filles de joie, au nombre de 19, avait-elle dit à Mme de Sainte-Amaranthe, en se plaignant de ce que ces indignes personnes osaient la traiter avec une familiarité choquante. Elle était devenue couperosée, mais elle paraissait encore assez belle. Elle ne savait faire autre chose pour se désennuyer que des toilettes inconcevables. Elle avait mis, pour s’en aller dans cette obscure et sale cariole de vieux cuir, un fourreau de linon bouffant, bordé de satin couleur de rose et vert, en découpures à dents de loup de ces deux couleurs alternées ; elle avait des nœuds assortis sur un bonnet à la baigneuse, et des souliers de satin rayé couleur de rose et gros-vert.

Elle avait été dénoncée par une nègre (dont elle était marraine, et qu’elle avait comblé de bienfaits), pour avoir porté le deuil du tyran pendant son séjour en Angleterre ; et c’était le principal grief qui fut attégué contre elle afin de l’envoyer à l’échafaud. — N’est-il pas vrai qu’on ne me tuera pas ?… disait-elle continuellement à tous les Girondins et à

    de Damas et de l’Abbaye-aux-Bois ; n’oubliez pas ceci, mon Enfant. Note de l’Auteur.