Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/144

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nette à la cour. — Vous avez bien de la bonté Monsieur.

Vous connaissez le ci-devant Prince de B… Que pensez-vous de lui ?

— Vous me faites là Monsieur, une question bien délicate et bien directe, mais heureusement qu’elle n’a rien d’embarrassant pour moi ; je ne le connais pas assez pour en penser grand’chose.

On me l’avait beaucoup vanté. C’était sans raison. Si c’est un sage il est bien sot !

— Si c’est un sot, lui répondis-je, il est bien sage ! et le voilà qui se prend à me dire avec un air de protection militaire, et tout crûment : — Vous n’avez pas moins de sagesse que d’esprit !

Comment trouvez-vous cette observation saugrenue sur ma sagesse ? à moi, la plus intime amie de M. de Penthièvre et de Mme  de Gisors, et de Mme  de Marsan ! Pauvre soldat, il ne savait seulement pas les illustres noms de ces personnes avec qui j’avais passé ma vie dans ce même château dont il usait comme du sien L’Élysée Marbœuf et les Malaparté me traversèrent l’esprit, mais je m’en détournai comme de mauvaise pensée. – Voilà qui n’est pas bien sage, me dis-je, et puisque vous avez tant fait que de vous résoudre a venir ici, ne songez qu’à vos bois,… chassez le serpent…

Comme il faisait un temps de giboulées sombres, avec des éclaircis lumineux, des averses et des coups de vent inattendus : — Je suis fâché de vous avoir fait sortir aujourd’hui, il fait un temps arbitraire, me dit il en riant, et en ayant l’air d’appuyer avec intention sur ce dernier mot. Il me dit