aussi : — Nous voyons souvent une femme qui est parente avec vous.
— Qui donc cela ? repartis-je avec un air de surprise, et d’un ton familier dont il ne s’aperçut pas.
Il me répondit comme s’il avait accouché de quelque chose de bien gros, que c’était Mme de Mirande.
— Je ne savais pas que nous fussions parentes ? Je suis Duchesse de Mirande en Espagne ; c’est peut-être à cause de cela qu’elle s’y sera trompée ?… Mais la figure de ce premier consul avait pris un air de si grand courroux, que je fus fâchée d’en avoir tant dit ; car, au fait je ne voulais ni bien ni mal à cette gasconne.
— Vous avez vu Louis XIV ! poursuivit-il avec un accent d’élévation et presque d’exaltation. — Avez-vous vu Pierre-le Grand, Madame la Maréchale ?
— Je n’ai pas eu cet honneur-là, j’étais dans ma province…
— Je sais que vous avez été amie avec le cardinal de Fleury ; est-il vrai qu’il ait espéré faire avoir la couronne impériale à Louis XV ? Louis XV a-t-il eu des chances pour être élu Empereur ?
— Mais, général, on pensait que la chose aurait parfaitement réussi sans la mauvaise foi du roi de Prusse, à qui M. le Cardinal n’a jamais pardonné d’avoir osé manquer de parole au Roi.
— Frédérick était plus habile que Fleury, mais pas plus fin ! il était fin le vieux Fleury. — Avez-vous souffert des lois révolutionnaires ? me demanda-t-il alors en prenant un air de sécheresse et de distraction.