Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/166

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les deux raisons de rivallité et de fiscallité dont j’ay parlé suffisamment, et si les deux suppots du système avoient un motif, le Prince en avoist un autre qui venoist aboutir à la mesme resollution avec non moins de méchant voulloir et de persistance. Pour moy, je croirois seullement qu’il avoist la teste foible et troublée par ce que sa disposition naturelle lui pouvoist donner d’altération, et par ce que sa situation devant la justice françoise devoist lui fournir de contrariété et de trouble. Les parents et alliés de sa maison se réunirent ausitost pour aller présenter au Régent une requête fort bien faitte, afin d’en obtenir la grâce ou tout au moins commutation de la peine en celle de la prison perpétuelle, espérant ainsy qu’à la majorité du Roy il y auroit meilleure justice à espérer pour une personne de famille princière, alliée de la maison royalle de France et qu’on pouvoist tenir à peu près pour un insensé. Ceux des signataires et suplians qui sont subjets du saint Empire, estoient le Prince de Ligne, le Duc de Havrech, le Comte d’Egmond, le Vidame de Tournay, le Comte Em. de Bavière, et le Burgrave de Leyden. Le surplus estant des Seigneurs françois de la première qualité seullement, vu que le Prince de Ligne avoist faict difficulté de reconnoistre et admettre pour parents de ses neveux ceux qui n’étoient pas du premier rang en France et de distinction première, résollution que les meilleurs esprits de la convoquation n’ont pas manqué de combattre et qui estoit grandement impolitique à mon sens. On avoit admis les Dames a signer la mesme requeste et voicy les noms de celles de nostre costé. La Comtesse de Longni Montmorency. C’est une Comtesse de Horn. La Princesse de Croui qui est une Créqui, la Princesse de Nassau, Landgrave de Hesse. La Princesse de Nassau qui est une Mailli, et la Margrave de Berg op-Zoom qui est Ligne-Aremberg. Il y a dans les autres signataires quatre Princes et une Princesse de la maison royalle de Lorraine que je n’ay pu en empescher quoi que j’aye pu faire et dire pour leur faire sentir l’inconvénient de cette démarche en réserve sur leur dignité personnelle et en deffiance du resultat de pareille démarche où j’aurois estimé que personne de leur maison n’auroist dû s’exposer, pour éviter toute compromission par un semblant de parité de noblesse avec les autres suplians qui avoient arresté de signer et se présenter en pêle-mêle, et aussy dans la crainte du refus de la grâce demandée. Il faut pour-