Je manque d’expressions pour rendre la vivacité et l’étendue de la reconnoissance dont je suis pénétré et tributaire envers l’Assemblée Nationalede France qui m’admet à l’honneur de parler dans son sein après m’avoir rendu la vie, la liberté et ma patrie.
J’apporte devant vous, Messieurs, un grand intérêt, l’intérêt général de tous citoyens et la preuve complète des abus excessifs du despotisme ministériel, arbitraire et déprédateur sous les règnes de Louis XV et Louis XVI ; ce qui nécessita la convocation de l’Assemblée de la Nation. Vous avez sous les yeux une victime rare et peut être unique par ces circonstances, aussi votre compétence est exclusive pour en connoître.
Ce ne fut point le destin de la fatalité qui me persécuta si cruellement dès le berceau ; ce fut uniquement l’iniquité, la perversité, la scélératesse des hommes en places ministérielles, oppresseurs et déprédateurs dont la Providence divine m’a sauvé. Elle me présente aujourd’hui et me donne en spectacle a l’univers que j’ai le droit d’étonner et d’intéresser par mes malheurs, mes souffrances, et pour avoir survécu à tant d’horreurs et de supplices.