Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/182

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et mes ennemis trouvèrent encore les moyens de me faire arrêter, et plonger dans les cachots des prisons de Douay, par l’instigation de leur ami, le ci-devant marquis d’Eskelbeck, lors de mon passage en ladite ville de Douay, sur la fin du mois d’août dernier, et de là, ils me firent conduire de brigade en brigade, par les cavaliers de la gendarmerie, comme un criminel, jusqu’en cette capitale, où ils espéroient encore me faire gémir et périr dans les cachots de l’hôtel de la Force ; mais l’Assemblée Nationale ordonna à M. de Lessart de me libérer entièrement, et avec permission à moi de lui adresser mes justes plaintes et demandes par une pétition ; c’est ce qui fut ponctuellement exécuté le 30 août 1791, et ma péttion fut présentée quelques jours après à l’Assemblée Nationale constituante ; mais comme elle étoit alors sur la fin de sa législature, et trop occupée de mille affaires précieuses pour le bonheur de l’État et de la nation, je fus conseillé de représenter de nouveau ma pétition, aussi bien que mes justes plaintes et prétentions, par devant la nouvelle législature actuelle ; et en attendant, ce retard m’engagea d’adresser au Roi, à MM. ses frères, à la Reine, a MM. de Montmorin, de Lessart et Blanchefort soi-disant Crequy, toutes les requêtes et lettres que j’ai l’honneur d’exposer ci-joint à vos yeux, afin de ne vous rien laisser ignorer, Messieurs, de mes démarches, puisque j’ai l’honneur de vous regarder comme mes juges équitables autant que comme mes libérateurs, mes protecteurs et défenseurs de mon innocence opprimée, aussi bien que mes justes plaintes, droits et prétentions légitimes.

Je supplie l’auguste Assemblée Nationale, toute la nation françoise et l’Europe entière de vouloir bien considérer que :

Si dans mes premiers et derniers mémoires imprimés, je n’y ai point fait mention de mes vrais titres, nom et qualités de Bourbon-Montmorency, et fils légitime du premier mariage secret de Louis XV avec Madame de Montmorency, par contrat, en date de l’année 1722, et renouvelé les années 1723, 1724, 1725, 1726, 1727, 1728, 1729, 1730, 1731, 1732, 1733, 1734, 1735, 1736 et 1737, signé du roi et dame susdite, en présence de plusieurs témoins dignes de foi, et qui ont aussi soussigné avec le roi et ladite dame de Montmorency, mes légitimes père et mère ; et si je n’ai aussi point dit que ladite dame ma mère avoit été obligée