Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/204

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valier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, demeurant rue Saint-Honoré, au coin de la rue Saint-Florentin, lui et toute sa famille et parenté, m’ont connu dès la mamelle, comme fils légitime du premier mariage secret de Louis XV avec madame de Bourbon-Montmorency, fille naturelle de Louis XIV, princesse de Schitsemberg, Freyberg et du Saint-Empire, lequel mariage secret fut contracté l’année 1722 par un pur écrit fait et signé par la propre main de Louis XV, et avec son propre sang ; mais ledit mariage fut fait en bonne forme l’année 1723, dans la chapelle de M. l’archevêque de Reims, présence de tous les témoins se trouvant ci-après nommés, et à savoir :

Les sérénissimes seigneurs et dames de Bourbon-Conty, de Montmorency, de Luxembourg, de Luynes, de Rohan Chabot, de Laval-Montmorency, de Rohan-Guémenée, de Soubise, d’Esterazi, de Rohan-Montbason, de Clermont-Tonnerre, de Clermont-d’Amboise, de Flavacourt, de Lauragais, de Femele, Dandelot, de Valbel, des Deux-Ponts de la Tour-du-Pin, de Crequy, etc.

Et ledit contrat de mariage fut rafraîchi et renouvelé chaque année, depuis 1723 jusqu’en 1737, époque de ma naissance.

Le susdit sieur de Foudras et toute sa parenté, et la plupart des autres personnes ci après dénommées et comparantes en ce procès verbal, tant en personne que par leurs certificats et attestations, en bonne forme, faites sur papier timbré ; toutes lesdites personnes, encore, savent très bien et sont prêtes à attester, non-seulement les choses susdites mais encore elles attesteront aussi, que, pour me soustrair aux cabales de la cour, qui, d’intelligence avec la princesse Lezinska de Pologne, pour lors reine de France, quelques années après ce susdit mariage secret, avoit résolu ma perte aussi bien que celle de tous mes frères et sœur, provenant du roi mon père ; ma mère fut obligée de me déguiser en fille, sous le nom de mademoiselle de Créquy, dans toutes les différentes pensions où elle me mit, par ordre du roi mon père, et à ses propres frais et dépens, depuis mon berceau, jusqu’à l’âge d’environ seize ans.

Ils savent aussi tous, ou pour la plupart d’eux, que Louis XVI, en 1782, me reconnut, mais qu’il me fit défense, sous peine de la vie, ou de prison perpétuelle, de ne jamais me nommer autrement que marquis de Crequy, ni de ne jamais parler du susdit