Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/22

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— Ah ! Madame la Reynière allons donc, vous n’y pensez pas !… et puis c’est une si bonne femme !

— Je le sais bien, mais c’est parce que je louerais l’appartement qu’elle a dans ma maison à Mme  de Brunoy qui n’est pas malade et qui descendrait tous les soirs pour faire ma partie. — C’est qu’elle a voulu faire un bail, elle a un bail voyez-vous, et je… je… — Ah, j’espère qu’elle va bientôt mourir !

Le salon de Mme  de la Reynière est devenue le palais de la Vérité, comme dans le conte allégorique, et rien n’est aussi tristement curieux que d’y lire ouvertement dans son mauvais cœur et son egoïsme dénaturé.

La Duchesse de Béthune[1] est venue me confier qu’elle avait envie d’aller se faire carmélite, en Espagne, parce qu’elle a eu le malheur de perdre son aumônier qui était un vieux capucin borgne, et tout le monde se fait des contrariétés, par le temps qui court. Je vois souvent M. du Roure, un digne et bon vieux seigneur qui est beaucoup plus jeune que moi, mais qui n’en bat pas moins la campagne. Il se plaint souvent de sa fille, la Vicomtesse du Roure, et c’est, je crois, sans raison ; car assurément c’est une des femmes qui s’attachent le

  1. Gabrielle de Chastillon-Chastillon, veuve de Maximilien IV, Duc de Béthune et de Sully, Souverain Prince d’Henrichemont et de Boisbelle, Marquis de Lens, Comte de Montgommerry, Villebon, Gourville, etc. mariée en 1749, et morte à Paris l’an dernier, c’est-à-dire en 1802. (Note de l’Auteur.)