Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/56

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tion de Karnac, il se trouvait trois cent quarante officiers de notre ancienne marine royale ; on sait combien la plupart d’entre eux s’étaient. Illustrés pendant la guerre d’Amérique ; on connait l’esprit vindicatif et calculé qui préside à toutes les opérations du gouvernement anglais, et quand on a pensé que le cabinet de Londres avait résolu d’envoyer ces officiers français à leur, perte assurée, c’est une opinion qui n’a pas manqué de trouver des partisans, même au sein du parlement britannique. Lorsque M. Pitt essaya de masquer l’horreur de ce honteux désastre, en disant que le sang anglais n’avait pas coulé, du moins !C’est l’honneur anglais, lui répliqua Sheridan, c’est l’honneur anglais qui vient de s’écouler jusqu’à la dernière goutte !…


En faisant déposer les armes à ses compagnons, M. de Sombreuil avait capitulé favorablement pour eux de la manière la plus formelle et la plus précise, mais la Convention prétendit qu’il y manquait plusieurs choses de forme ; et le général Hoche ne fit aucune difficulté d’en convenir, et la Convention nationale ordonna le supplice de six cents officiers français, pour qui M. de Sombreuil avait obtenu la vie sauve. On les a fusillés sans rémission sur le bord de la mer, et dans le nombre des condamnés comme ayant fait partie des troupes débarqués, se trouvait l’Abbesse de Cordylon, Madame de Chabot, qui devait être assurément fort âgée, car je me souviens qu’elle avait fait ses vœux à l’époque où ma tante de Montivilliers était Coadjutrice de cette maison, et je crois bien qu’elle avait au moins