Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/66

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de la bouquetière à la chiffonnière, étaient coiffées d’un bavolet de toile empesée, quelquefois de batiste, mais sans dentelles, et le plus souvent de toile écrue, pour les jours ouvriers.

Tous les artistes de l’école du citoyen David, et bon nombre de comédiens du boulevard étaient habillés à la grecque avec la plus grande sévérité de costume. Ils portaient la tunique laconienne (au-dessus du genou) ; ils avaient un léger chlamyde orné d’une bordure en broderie de laine et qui figurait presque toujours un méandre. Ils avaient la poitrine et la tête nues, les bras nus et les jambes nues. Vous comprenez bien la félicité dont ils devaient jouir pendant tout l’hiver ; mais vous ne sauriez vous figurer quel était leur embarras sur la place de la Concorde ou sur le Pont-National, quand ils s’y trouvaient aux prises avec les vents d équinoxe ?…

Quant à la pluie, c’était tout différent, et je vous assure qu’ils la recevaient sur la tête avec un stoïcisme et d’un air de gravité qui ne laissaient rien à désirer.

Le jeune Céphyse Rotisset (qui était le neveu de Mme  Roland), disait un jour à sa tante, Mlle  Dupont, que la pluie lui rendait le double service de lui nettoyer la tête et de faire boucler ses cheveux. Cet élève du Portique était aussi de l’école de David ; mais il ne savait dessiner que des génies de l’agriculture et du commerce. C’était sa partie. Ses pauvres parens disaient de lui qu’on n’a jamais vu de garçon si maussade et de républicain plus détestable ! Il est Théophilantrope en ce moment-ci.

Cet impertinent citoyen m’avait attiré une lettre