Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/69

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et le fond du tableau représentait une statue de Lycurgue au bord de l’Eurotas, où se jouaient des cygnes, qu’on avait fait venir du domaine national de Chantilly. La salle était jonchée de fleurs, les convives des deux sexes étaient couronnés de fleurs et ils buvaient dans des coupes garnies de fleurs (ce qui devait être fort commode). Les détails du service étaient confiés à de jeunes ilotes à peu près nus… Mais la beauté, la dignité, les grâces et l’enjouement des citoyennes qui participaient à cette intéressante réunion, ne le cédaient assurément sous aucun rapport aux Laïs, aux Aspasie, aux beautés les plus renommées de la Grèce antique ! Il parait que la citoyenne Pipelet y fit entendre un chant digne de Sapho[1]. Enfin des voix humaines, accompagnées du pipeau grec ou flûte de Pan, achevèrent de réaliser cette suite d’illusions charmantes, en exécutant le premier chœur des Nuées d’Aristophane, sur cet air que les prêtres catholiques emploient au chant de ce qu’ils appellent la préface ; car il est suffisamment connu que cette partie de la messe n’est autre chose que l’ancien récitatif au théâtre grec, dont l’église romaine avait gardé la tradition.

Les mêmes journaux, ne manquèrent pas de disserter à perte de vue sur le brouet-noir, ce fameux brouet-noir des anciens Spartiates, dont la saveur

  1. Femme divorcée d’un chirurgien bandagiste et présentement Comtesse de Salm. Comme il y a des cousins de son mari qui sont titrés princes de l’empire, elle se fait appeler Princesse. Elle aime mieux cela.