Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/75

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aborateur de l’abbé Poucellin, avait entrepris de poursuivre et de faire condamner ce directeur exécutif par le tribunal criminel ; mais on trouva moyen d’apaiser le citoyen Fiévee ; je n’imagine pas que ce fut en le désintéressant, et quoi qu’il en fût de son intention dans la poursuite, elle en est restée là ; ce dont les honnêtes gens savaient le plus mauvais gré du monde à ce M. Fiévée.

Je ne veux pas oublier non plus de vous raconter la bonne aventure et le procès de Mlle Margauthon, qui était allée solliciter le ministre Gohier pour en obtenir le paiement d’une pension sur l’État qu’elle avait accrochée du temps de M. Necker.

Je ne sais comment elle s’y prit, ni ce qu’ils se dirent et sur quoi la chose arriva, mais toujours est-il qu’elle en reçut des soufflets à tour de bras, après quoi ce digne représentant du peuple le plus civilisé de la terre, se mit à la porte l’accablant d’injures ; et, séance tenante, il alla défendre à ses huissiers de la laisser jamais rentrer ni dans son cabinet ni dans ses bureaux.


Voilà donc Margoton largement souffletée
Et qui redescendait tristement la montée.


Elle y trouva pour le moment (sur le grand escalier de l’hôtel d’Elbœuf) une petite fille de trois ou quatre ans qui s’essayait à descendre toute seule, en se laissant glisser de marche en mache. — Est-ce que vous seriez par hasard la petite Gohier, la fille du ministre ? — Oui, citoyenne. — Ah ! c’est bien heureux pour vous ! Je vais vous faire des-