Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/78

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mouchoir sale : il le met dans sa poche, et le voilà parti comme un furieux.

— Mais, renvoyez donc le cœur de cette femme à ses parens, qui sont en droit de vous faire un procès, lui disait Mme  de Coislin.

— Si vous saviez ce qu’il est devenu lui dit-il avec un air sauvage et sombre…

— Allons donc, vous me faites soulever le cœur !…

— Ah mon Dieu oui ! Je l’avais jeté de colère sur une malle, en arrivant dans ma chambre, à tâtons. — Je m’étais couché, je m’étais endormi pour me distraire, et le lendemain matin, j’aperçois que le mouchoir est tombé sur le carreau… — Je saute à bas de mon lit… — Mon chien l’avait mangé. — Je l’ai tué à coup de couteau ; mais je n’en ai rien retrouvé, rien du tout. — Je me suis souvenu que j’avais oublié de lui donner de quoi manger depuis deux ou trois jours… — Quelle aventure dramatique et romanesque ? reprenait-il avec une sorte d’orgueil. — N’est-ce pas Madame !

— Effectivement, répondit-elle, on en pourrait faire un petit roman bien gentil, bien propre, et d’un goût parfait ! C’est un joli dénouement pour une intrigue amoureuse, et je vous conseille d’en piaffer !…

Elle en est si révoltée qu’elle a pris le parti de lui défendre sa porte et qu’elle ne peut l’entendre nommer sans colère et sans dégoût. – Vaut mieux tard que jamais !

Il apparut subitement à l’horizon de Paris une