nouvelle princesse de la maison royale de France qui fut reconnue sans difficulté par le Directoire et qui se faisait appeler Stéphanie-Louise de Bourbon-Conty. Elle ajoutait à ses autres qualifications celle de Comtesse de Montcairzin, parce qu’elle était provenue du mariage de la Duchesse de Mazarin, avec M. le Prince de Conty, et que ces deux noms contractés réunis, et mélangés par ordre de Louis XVI, avaient produit celui de Montcairzin, tout naturellement.
On trouvait dans son mémoire à consulter qu’elle avait reçu le cordon bleu (du St-Esprit) à l’âge de sept ans, et puis qu’on l’avait mariée matgré qu’elle en eut avec un procureur de Lons-le-Saulnier, où elle se déplaisait à mourir. C’était non seulement parce que les vins du pays sont détestables, et parce que sa belle-mère et son mari ne la nourrissaient qu’avec des grenouilles et des couleuvres ; mais c’était surtout, parce qu’elle ne pouvait sortir de son jardin sans rencontrer des ours qui lui pinçaient les oreilles en lui léchant les joues et lui faisant toutes sortes d’impertinences. Nicolas Bésuchet était un Sbrigani, un Guzman d’Alfarache, un Cagliostro ! en comparaison de cette folle menteuse.
Le Directoire lui fit une pension viagère de sept mille livres ; ou lui donna vingt mille francs pour arranger ses petites affaires ; et ce qu’il en résulta de plus fâcheux pour la Marquise Lecamus et pour Mlle Lecamus, sa belle-sœur, c’est qu’on la mit en possession de ces deux hôtels Lecamus qui se touchent dans la rue Cassette et dont ces dames avaient hérité de leurs grands parens.