Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/85

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connu tout comme aussi Mme  de Gramont, sa sœur… et puis un propos d’une indignité révoltante, et sur un sujet inouï partout ailleurs que dans les confessionnaux de la grande pénitencerie pour les cas réservés !…

— Mon bon ami dit Mme  Suard en lui minaudant au nez et lui parlant en clarinette (et notez bien que c’était à dessein de ménager poliment le préjugé vulgaire, ou la susceptibilité d’une demoiselle de Choiseul), – Mon bon ami, je ne conçois rien à l’inceste… — Mais, non ! je vous parle sérieusement je n’y conçois rien ; je ne le comprends pas !… Parlons plutôt du charmant adultère !…

Imaginez l’abattement et la confusion de cette pauvre Mme de T… si pudibonde et si précieuse qu’elle ne voulait seulement pas qu’un médecin lui parlât d’accouchement, pendant ses grossesses…

Il arriva tout de suite après deux jeunes mariés qu’on amenait pour faire une visite de noces, et tout aussitôt que M. de Meulan, c’est le nom du vieux philosophe, eut été mis au fait de leur circonstance, il se mit à leur chanter (comme s’il était un petit lutin-réveillon) :


Pourquoi nous marier,
Quand les femmes des autres
Pour être aussi les nôtres
Se font si peu prier ?
Pourquoi nous marier !

Que les chiens sont heureux !
Contre les murs ils p…
Deux à deux ils s’unissent
Sans qu’on médise d’eux.
Que les chiens sont heureux !