Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/94

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brisé les dents. Le ministre de la police en fit l’objet d’un rapport qui ne laissait rien à désirer pour la vraisemblance et la véhémence. C’étaient d’anciens bonnets rouges et même des septembriseurs qui avaient exécuté ce crime. On en avait saisi plusieurs ; on avait trouvé sur eux des preuves certaines de leur culpabilité dont ils étaient convenus, du reste ; et notez que ce ministre de la police était le proconsul Fouché.

« Ce ne sont pas là, disait-il dans ce même rapport, des circonstances prévues par la sagesse des lois, ce ne sont pas là de ces brigands contre lesquels la justice et ses formes sont instituées, c’est une guerre atroce qui ne peut être terminée que par une mesure de haute police extraordinaire, et qu’en mettant ces hommes dangereux et incorrigibles, en surveillance hors du territoire européen. »

C’est en conséquence de quoi cent trente jacobins furent désignés pour la déportation et vous pensez bien qu’on les tria sur le volet parmi les ennemis du consulat et les détracteurs de Buonaparte.

Je ne fus pas étonnée d’apprendre que le Cn Charlesse, autrefois le Prince Charles de Hesse-Rothembourg, avait encouru la disgrâce de son ancien ami Fouché de Nantes, et qu’il était compris dans cette mesure expiatoire.

On n’a plus jamais rien dit de ces autres buveurs de sang sur lesquels on avait trouvé des preuves de leur crime et qui en avaient fait l’aveu.

Aussitôt que Buonaparte et son homme de la police eurent fait condamner à la déportation les