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— C’en est trop ! » s’écria George d’une voix basse et courroucée.

Puis, se levant brusquement, il se dirigea vers la porte.

Grâce fut debout aussi vite que lui.

« Arrêtez ! » s’écria-t-elle d’un ton qui en imposa à cet homme furieux.

Il se retourna et la regarda comme s’il était aux abois, mais les yeux de la jeune fille ne se baissèrent pas devant les siens.

« Vous ne vous en irez pas comme cela, dit-elle.

— Pardon, répondit-il, je crois que c’est ce que j’ai de mieux à faire.

— Je ne le crois pas, répliqua Grâce avec dignité.

— Que pouvez-vous avoir encore à me dire, mademoiselle… vous, surtout ? N’êtes-vous pas satisfaite ?

— Je ne vous comprends pas et, d’après votre ton, j’aime mieux ne pas vous comprendre. Votre colère est justifiée, je vous l’accorde. Mais vous avez tort de la diriger contre moi.

— J’ai du moins tort de le montrer, répondit George en reprenant un peu d’empire sur lui-même. Vous désirez que je reste ?

— Quelques minutes encore, si vous le voulez bien, répondit Grâce en se rasseyant, quoique George restât debout. Vous n’avez, monsieur Wood, aucune raison de m’en vouloir. Je n’ai fait que vous répéter, et aussi doucement que possible, les paroles de ma sœur.

— Vous avez raison et je vous accorde que votre mission était assez délicate. Mais pourquoi votre sœur ne m’a-t-elle pas dit elle-même la vérité ? A-t-elle peur de moi ?

— Elle a pensé qu’il vous serait moins pénible de l’apprendre par moi.