Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/134

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— C’est une erreur. De semblables paroles sont moins cruelles à entendre de ceux qu’on aime que de ceux qui nous détestent. Quand on doit briser un cœur, il est plus brave de le faire soi-même que d’employer une tierce personne.

— Vous ne savez pas ce que vous dites. Je ne vous ai jamais détesté.

— Mademoiselle, dit George en se contenant à peine, voulez-vous me permettre de me retirer ?

— Je ne vous ai jamais détesté, répéta Grâce sans s’arrêter à sa question. J’avais très mauvaise opinion de vous autrefois et je n’ai jamais craint de le laisser voir. Mais, à présent, j’ai changé d’avis. Je vous estime et beaucoup, parce que j’ai découvert que vous aviez plus de cœur que je ne le croyais. En tout cas, je vous affirme que depuis un an je n’ai rien dit ni rien fait pour influencer ma sœur. Me croyez-vous ? »

George commençait à être surpris du ton de Grâce, et la sincérité des manières de la jeune fille lui alla au cœur.

« Je vous crois, dit-il tout en s’étonnant de pouvoir répondre sincèrement à une pareille déclaration.

— Merci, vous êtes généreux. »

Grâce se leva de nouveau et tendit la main.

« Tenez-vous à la voir avant de partir ? demanda-t-elle en le regardant bien en face.

— Oui, répondit George après un moment d’hésitation,… si vous voulez bien. »

Il resta seul pendant quelques minutes. Quoique le soleil ruisselât par la fenêtre, il avait froid comme il n’avait jamais eu froid de sa vie. Sa colère était passée, croyait-il, et il restait anéanti. En tournant la tête, ses regards tombèrent sur le siège sur lequel Constance s’était si souvent assise