Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/184

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mais le sang lui monta au visage et il ne put articuler un mot. Il était accablé de honte et de remords, il aurait préféré subir toutes les humiliations, plutôt que celle-là. Mais ou bout d’un instant son énergique nature reprit le dessus, comme elle le faisait toujours on présence de grandes difficultés. Il regrettait déjà son hésitation comme une lâcheté.

« Mamie, » dit-il tout à coup.

Il s’étonna que sa voix pût être aussi douce.

« Mamie, je ne t’aime pas ! »

Il s’était attendu à tout, excepté à ce qui arriva. Mamie le regarda dans les yeux, puis de nouveau à la lumière du soir l’expression de son amour transfigura son visage et lui prêta une perfection de beauté qu’il ne lui avait jamais vue.

« Ne me l’as-tu pas déjà dit, mon cher George ? demanda-t-elle moitié tristement, moitié affectueusement. Ce n’est pas nouveau. Il y a longtemps que je le sais. »

George la regarda un instant.

« J’avais peur de ne pas l’avoir dit clairement, répondit-il à voix basse.

— Toutes tes paroles, toutes tes actions me l’ont dit. Ne le répète pas.

— Il faut que je m’en aille d’ici. Je partirai demain. »

Elle leva sur lui des yeux épouvantés.

« Partir ?… me quitter ?… Ah ! George, tu ne feras pas cela ! »

La situation était aussi étrange que nouvelle et George se sentait tout confus. Sa résolution resta. cependant, aussi inflexible qu’auparavant.

« Mamie, dit-il, il faut bien nous entendre. Les choses ne peuvent continuer à aller comme elles vont depuis si longtemps. Si je restais ici, sais-