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et dans ses actions pendant les deux derniers mois, et, un jour, elle pourrait bien lui reprocher sa légèreté. Des incidents se présentèrent en foule à sa mémoire et s’accumulèrent dans son cerveau, amenant à leur suite mille piqûres à son sentiment d’honneur. Par inadvertance il avait causé un grand mal, depuis son arrivée à la campagne. Avant cela Mamie ressentait pour lui exactement ce qu’il ressentait pour elle, une simple affection à cœur ouvert. En se souvenant de la courte lutte qui s’était livrée dans son esprit avant d’accepter l’invitation de Totty, il s’accusait de ne pas avoir pensé à ce qui arriverait. Mais le plus surprenant, ce qui faisait perdre tout l’équilibre à son cerveau, c’est que Totty n’eût pas prévu cette catastrophe, la diplomatique Totty, la pratique Totty, l’avare Totty ! Cela dépassait sa compréhension. Cependant, malgré sa détresse, il eut peine à réprimer un sourire, en se figurant la fureur de Totty s’il arrivait à épouser Mamie. Sherrington Trimm lui. l’accepterait tout aussi bien que tout autre honnête homme, s’il était sûr de l’inclination de Mamie.

Il y avait cependant quelque chose à faire tout de suite. Il n’était pas comme Constance Fearing une faible créature hésitant pendant des mois et des années, pour finir par causer une déception cruelle. Il regrettait même les dernières paroles qu’il avait dites et qui n’étaient dictées pourtant que par un puéril désir de ne pas froisser les sentiments de la jeune fille. Il eût mieux valu qu’elles n’eussent pas été prononcées. Il fallait que la situation fût définie, le mal arrêté, s’il ne pouvait être défait, et, si c’était nécessaire, et ce le serait probablement, il quitterait la maison dès le lendemain matin. Il ouvrit la bouche pour parler,