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jamais songé à ce qu’il pouvait faire ou ne pas faire.

Mme Trimm doit le savoir, en tout cas. Qu’a dit Constance quand vous lui avez annoncé vos fiançailles ?

— Très peu de chose. Ce qu'elle vous dira sans doute. Qu’elle espère que je serai heureux et qu’elle est bien aise d’apprendre mon mariage.

— Je voudrais bien savoir ce qu’elle pense, » dit Grâce d’un air pensif.

George jugea qu’il serait plus discret de ne pas donner son opinion sur cette question.

« Nul ne saurait dire, continua Grâce, elle moins que tout autre. J’ai cru une ou deux fois qu’elle vous regrettait et qu’elle eût désiré que vous fissiez une nouvelle demande. Et puis, d’autres fois, je me suis convaincue qu’elle n’était qu’ennuyée… ennuyée à mourir, de moi, de son entourage, du Docteur Drinkwater, des pauvres, et de son âme. Pauvre enfant, j’espère qu’elle se mariera bientôt !

— Je l’espère aussi, dit George en se levant pour prendre congé. Voulez-vous être assez bonne pour ne rien dire de ce mariage avant qu’il soit annoncé ? Cela sera dans une quinzaine environ.

— Certainement. Venez me voir en ce moment, si vous ne venez plus tôt. Ce sera bien bon à vous. Adieu. »

Il sortit et traversa le jardin, se dirigeant vers le petit bois et pensant beaucoup plus à Grâce et à sa conversation qu’à Constance. En dehors de son aspect qui excitait sa sympathie, il se sentait séduit par la franchise peu commune de la jeune femme, qui, cependant, lui semblait plutôt de la brusquerie masculine que de la sincérité féminine. On eût dit qu’elle avait pris et retenu quelque